Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 239 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 13cm X 22cm
ISBN : 978-2-88241-454-0
EAN : 9782882414540
Schizogorsk
Quatrième de couverture
Schizogorsk
Je sais que je ne devrais pas boire de whisky avec mes patients pendant la consultation. Pas d'alcool du tout. La plupart de mes collègues condamneraient mon attitude - mais ils la comprendraient aussi. Tout comprendre, trouver une explication à tout : c'est notre métier, n'est-il pas vrai... Et puis, je ne le fais que très exceptionnellement, quand il n'y a pas moyen de faire autrement. Depuis plus d'un an, je ne bois pratiquement plus d'alcool. Non que j'en fasse un principe : simplement, je m'abstiens. J'offre du vin à mes invités, et moi-même je bois du jus de raisin. Ça m'est égal, je n'aime pas tellement le vin, et j'ai appris à en redouter les conséquences.
Mais avec cet homme, le fait est que je bois une gorgée de whisky à chaque fois qu'il vient. Il dit qu'il en a besoin, sinon il se sent tendu, insuffisamment relaxé. Le whisky, c'est lui qui l'apporte, du Black and White ; je conserve la bouteille dans ma petite armoire rouge, l'armoire aux poisons, couchée, car les rayonnages sont étroitement superposés. Le bouchon à pas de vis a tenu le coup pour l'instant, la bouteille est étiquetée à son nom et porte une date - celle du jour où nous l'avons entamée. Je n'aimerais pas avoir à me reprocher plus tard de l'avoir poussé à boire, je tiens à garder un certain contrôle sur sa consommation et sur la mienne. Bref, je traite le whisky comme ce qu'objectivement il est : une drogue dangereuse provoquant l'accoutumance, dans le cas particulier un médicament très efficace qui devrait figurer dans la loi sur les stupéfiants.