Sillon sillage

Il y a dans ta bouche

Il y a dans la mienne

Il y a quoi dans tes oreilles ? A.C.

Cet extrait d'un poème d'Audrey Colinart sonne comme une sommation. Une envie d'en découdre. Dans ces mots s'expriment surtout un fort désir, celui d'être entendu, et une curiosité fondamentale, celle d'entendre. On y perçoit aussi une question sur le pouvoir de la langue, une question sur les relations qu'elle instaure et qui la constituent, elle qui nous permet de nous libérer, elle qui dans le même mouvement, heureusement, nous retient :

Un enfant, un cerf-volant

L'un marche, l'autre s'envole

Entre les deux le fil. M.G.

Écrire, lire, être écrit, être lu, tels sont les enjeux d'un atelier d'écriture.

sillon sillage rend compte d'un atelier qui a duré quatre ans, à raison de quatre weekends par année, dans la salle de la Bibliothèque populaire de Lajoux (Jura). Par ailleurs, une rencontre de quelques jours a eu lieu chez l'un des participants. Il en est résulté trois lectures publiques et la composition - elle a pris longtemps, n'a pas toujours été facile - de ce livre. Il fallait qu'il ait acquis une logique interne équivalente, même précaire, à celle d'un ouvrage écrit par une seule personne :

Belle journée d'été pour

Une peinture :

La fugacité du jardin D.C.

L'aventure s'est révélée passionnante : il est devenu nécessaire de peser les forces et les faiblesses de tous les textes, puis de démultiplier par un ordre judicieux les richesses des textes choisis. Tous se sont mis à chanter, à résonner, à vouloir tenir une place. Harmoniser tout ce fragile petit monde, quel plaisir ! Lui chercher le plus de sens possible(s), y trouver soi-même sens un instant, chacun ensemble, telle est l'expérience qui aura été vécue :

Espoir, peuple d'étés, peuples d'êtres

Frères alignés, tendres et trembles

Un homme (je) passe G.P.