Simondon & l'idée de raison interculturelle

L'individu, depuis le retour de l'acteur diagnostiqué par A. Touraine, apparaît de plus en plus comme la condition nécessaire de l'identité et de sa compréhension herméneutique ou généalogique, pourrait-on dire - au sens foucaldien d'une herméneutique du sujet, et de l'individuation comme le concept régulateur ou l'Idée permettant de saisir les phénomènes de la pluralité comme relevant d'un processus de construction de la personnalité, ce que montrent notamment les travaux de l'anthropologie psychologique : la notion de culture serait en ce sens, non plus prise dans son sens monolithique ou exclusif, mais comprise dans son sens de « culturalité » qui prend acte des phénomènes d'emprunts et de variations, selon une approche situationnelle et complémentariste. La question du rapport entre l'unitaire et le plural, l'Un et le multiple, de l'identité et de l'altérité, sous l'espèce du concept demorgonien régulateur d'« intérité », nous semble être au cœur de cette investigation, et recouvrir un enjeu majeur pour notre temps, qui est celui de la mondialisation et de la co-présence de l'humanité à elle-même dans sa diversité irréductible. Au fond, nous voudrions contribuer de la sorte, en réhabilitant la figure et le geste fondateur de la philosophie de Simondon, nourrie de nombreuses références théoriques encore laissées dans l'ombre de l'interprétation, à établir le sens et la portée de la théorie de l'individuation au regard du questionnement anthropologique contemporain sur le même et l'autre, sur l'interculturalité, qui se situe au croisement des postulats des sciences humaines ; et, peut-être, apporter à ce qu'il est devenu courant d'appeler une French theory comme ce complément qui lui manque de droit, à travers l'apport majeur de la philosophie de G. Simondon à la pensée post moderne.