Soleil en mémoire

Eurydice, Antigone... les deux figures tutélaires de ce livre. La poésie pour tout dire. Jeunes filles condamnées à l'obscur. Qui dialoguent avec le chanteur, l'amant, le frère ou le père, le vieux roi qui a «un œil en trop». Ou la mère mauvaise qui règne sur les enfers. Pour signifier, peut-être, qu'elle se manifeste (la poésie) dans sa disparition, comme un adieu à l'amour, un renoncement à la lumière. Alors qu'elle s'en retourne parmi les siens. Poètes, nous interrogeons le monde, la surface brillante de la langue, sachant trop bien que tout se joue dans la profondeur, dans cette chambre de la mémoire, cette retenue des années lointaines, lieux où le noir rougeoie, au moment où l'on allume, ainsi que le dit Philippe Jaccottet, «la lampe qui conduit au lever du jour».

C.A.