Rayon Probabilités et statistiques
Statistique et révolution en Russie : un compromis impossible (1880-1930)

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 337 pages
Poids : 610 g
Dimensions : 17cm X 24cm
EAN : 9782868476128

Statistique et révolution en Russie

un compromis impossible (1880-1930)


Collection(s) | Histoire
Paru le
Broché 337 pages
préface Wladimir Berelowitch
Etudiants. Cycles courts

Quatrième de couverture

L'effondrement de l'URSS en 1991 a stupéfié les observateurs occidentaux : l'Etat soviétique n'était pas le bloc monolithique si longtemps décrit. Le débat sur sa nature et son histoire a été de ce fait ravivé. L'ouvrage de Martine Mespoulet analyse un des aspects de sa formation : la constitution d'une de ses administrations immédiatement après la Révolution d'octobre 1917, pendant les années 1920, non pas à travers le discours des dirigeants politiques, mais à partir de l'étude du rôle des acteurs sociaux qui ont participé activement à sa construction.

La Direction centrale de la statistique, créée en 1918, fournit un cas à la fois passionnant et dramatique pour un tel propos. Passionnant, car cette administration a été organisée par un corps de statisticiens professionnels formé pendant la période tsariste et dont les membres étaient portés par l'enthousiasme d'un projet de construction du savoir au service du plus grand nombre. Ces hommes crurent qu'ils pourraient accomplir un tel projet sous le pouvoir bolchevik. Leur tentative échoua. Attachés à leur indépendance scientifique, ils furent placés rapidement sous surveillance.

Quand le compromis ne fut plus possible, certains furent évincés, d'autres furent touchés par les répressions, d'abord dans le cadre de la lutte contre les «spécialistes bourgeois» entre 1928 et 1931, puis, plus tard, lors des purges de 1937. L'étude de la formation et du devenir de cette profession, des années 1880 à la fin des années 1920, éclaire par ailleurs le sort des membres des professions intellectuelles au début de la construction du régime soviétique.

A partir du milieu des années 1920, ces statisticiens furent progressivement dépossédés par le parti d'une partie de la maîtrise des opérations d'enquête des recensements qu'ils devaient organiser. Plus largement, leurs outils et leurs méthodes, d'enquête, de traitement et d'analyse des données, élaborés et perfectionnés sur la base d'une expérience accumulée depuis la fin du XIXe siècle, furent remis en cause. Ce processus de déprofessionnalisation peut être interprété comme un mécanisme fondamental de la négation politique d'une des formes de la différenciation sociale, celle qui repose sur la différenciation professionnelle entre les membres d'une société. Son analyse contribue à une meilleure compréhension d'aspects centraux de la formation de la société soviétique et de sa structuration dans les années 1930.

Biographie

Martine Mespoulet est professeur agrégée de sciences sociales et docteur de l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Elle enseigne à l'université d'Angers.

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