Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 183 pages
Poids : 234 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-35096-047-0
EAN : 9782350960470
Quatrième de couverture
Si «la société du spectacle» s'efforçait de conjurer la révolte, la lutte de classe, l'insoumission, le pouvoir actuel craint par-dessus tout le désengagement, la déflation des émotions et des motivations. Ce qu'il ne supporte pas, c'est la fuite dans le «hors champ», la déconnection, le désengagement, la désertion. Il ne lui suffit plus pour cela de conduire les conduites, mais de les «inspirer», de les mobiliser émotionnellement, de les orchestrer. C'est peut-être le fil rouge qui relie les chroniques qui forment ce livre (publiées chaque semaine dans Le Monde tout au long de l'année 2008) : s'y donne à lire une société dans laquelle les techniques du pouvoir disciplinaire et de contrôle n'ont rien perdu de leur pertinence, mais opèrent désormais dans un contexte nouveau et doivent répondre à des exigences nouvelles de mobilisation qui requièrent le maintien d'un état d'alarme permanent, c'est-à-dire un usage stratégique des rythmes, des tempi, de la tension narrative.
La crise économique et financière actuelle en apporte la démonstration. Elle se traduit d'ores et déjà par un renforcement du rôle de l'État comme agent de la mobilisation des énergies citoyennes, un «engagement» renforcé dans le capitalisme qui a besoin de «l'écran total de l'État» pour justifier les sacrifices «patriotiques» qu'on exige des citoyens lorsque le marché a si visiblement échoué à représenter et défendre l'intérêt général. Le capitalisme traverse une crise qui n'est pas seulement financière ou économique, mais qui est une crise de «légitimité». Dans ce nouveau contexte, on peut s'attendre à un renforcement du contrôle des opinions, de la surveillance des populations et des territoires, à une mobilisation générale des énergies au service de «l'intérêt supérieur de la nation». Et donc à toutes sortes de nouveaux récits de légitimation dans lesquels c'est l'État, et non plus le marché, qui joue le rôle principal.