L'anarchisme dans le miroir de Maximilien Rubel

Jadis ils étaient italiens polonais espagnols, portugais...

Ils fuyaient la misère, l'oppression et ils émigraient. Ils passaient la frontière en fraude. Ils se faisaient généralement arnaquer par des maffias. Ils avaient quelques adresses. Ils n'étaient pas très regardant sur leurs conditions d'accueil et d'hébergement. Ils étaient prêts à faire tous les sales boulots pour trois picaillons. Ils savaient que, de toute façon, c'était moins pire que d'où ils venaient. Ils étaient sans papiers. Sans droits. Ils espéraient seulement pour leurs enfants...

Aujourd'hui ils sont Africains, Maghrébins, Sud-américains et c'est toujours la même histoire de fuite, d'intolérable et d'espoir.

Suzana n'est pas de ces immigrés de la misère ou de la défaite.

Angolaise d'origine, elle est venue faire des études en France et tout aurait pu très bien se passer.

Elle a rejoint les rangs des sans-papiers par les hasards de la vie et elle est loin d'être la plus à plaindre car...

Reste que comme tous les sans-papiers ordinaires elle s'est fait le parcours du combattant de toutes les tracasseries administratives, de toutes les menaces d'expulsion, de toutes les humiliations, de toutes les souffrances de toutes les désespérances...

Et justement parce qu'elle est loin d'être la plus à plaindre, son histoire est exemplaire car elle permet d'imaginer ce qu'il peut en être de celle de l'immigré ordinaire.

Nos camarades du groupe de Rouen de la Fédération Anarchiste Francophone ont rencontré Suzana par hasard. Ils lui ont file un coup de main. Et ils se sont liés d'amitié avec elle. Jean-Pierre Levaray l'a décidée à se raconter. Et c'est bouleversant !

Par delà, mais aussi, et surtout, grâce à cette parole au jour le jour de la vie quotidienne, la nécessité de l'abolition des frontières s'impose à l'évidence d'un autre futur.

Merci à Suzana de nous rappeler que notre patrie c'est le monde.