Terre des veuves

Au printemps 1994, le Rwanda, obscur petit pays d'Afrique de l'Est que le film «Gorilles dans la brume» n'avait pas mieux fait connaître, entrait dans tous les foyers à travers les postes de télévision qui ont retransmis pendant 2 mois des images atroces : un génocide en direct - celui des Tutsi - doublé des massacres de Hutu opposants politiques au régime en place, protégé de la France.

Cinq ans après, on a oublié le Rwanda martyr. Mais que sont devenus les Rwandais ? L'auteure - âgée de 20 ans en 1999 - a décidé de chercher elle-même la réponse en allant visiter les gens de là-bas comme on visite des parents dans l'infortune. Elle a rédigé un journal des 6 semaines (19 juillet - 28 août) passées au contact des veuves du Rwanda (AVEGA-Agahozo : Association des Veuves du Génocide d'Avril 1994 - Condoléances).

«Tuer une femme porte malheur à l'assassin», dit-on au Rwanda. De fait, les femmes ont été les principales rescapées des tueries de masse. Affligées, abandonnées, misérables, c'est à elles qu'a incombé la charge d'enterrer leurs fils, pères, frères, époux. Représentant soudain la première force de travail d'un pays dévasté, elles ont acquis la possibilité d'arracher leurs droits de citoyennes à part entière. Pour le Rwanda, l'émancipation des femmes n'est plus une question de justice mais un problème vital.