Terre mythique, terre fantasmée

Une terre ingrate, aride, une "région squelette" disent les voyageurs du siècle dernier : le centre du Péloponnèse... Et, pourtant, dès l'Antiquité grecque, hellénistique et latine, elle devient un pays de plaisir, de bonheur et de bergers amoureux...

Ce non-lieu poétique hante l'Europe, de génération en génération, suscite, dès la Renaissance, de prodigieuses images au théâtre, en peinture, en littérature, à l'opéra et dans l'architecture ou la composition des jardins. Au Portugal, en Italie, en Espagne, en France, ou en Angleterre, les artistes en font le foyer du bonheur sur terre.

"Et in Arcadia ego" dit l'une des plus belles toiles de Poussin. Non pas le Paradis, promis dans l'au-delà, ni l'Age d'or, à jamais perdu, mais la région heureuse où tout est possible, où l'homme se réconcilie avec l'homme.

De Byron et des poètes du Parnasse, aux missions scientifiques en Morée, le thème perdure et se transforme. Au mythe succède l'utopie - n'est-ce pas un rêve partagé par chacun ?