Contre la pauvreté

La Femme.- En 84, j'avais le minimex et un secours. L'assistante sociale payait mon loyer, la facture d'Intercom. J'avais une suralimentation parce que j'étais un peu chétive...

L'Assistante sociale.- L'Etat providence? Nous allions à la ruine!

La Femme.- Allons bon!

L'Assistante sociale.- Et aussi à la démotivation.

La Femme.- C'est vrai que fermer les charbonnages, vider la sidérurgie et faire un million de chômeurs, c'est de vrais incitants à la motivation! Et maintenant, ce serait de ma faute? Mais si je comprends bien, votre truc, là, votre nouvelle loi: elle insérera, elle socialisera, elle intègrera, elle préformera, elle formera, elle remotivera, elle nettoiera et elle pulvérisera la pauvreté. Bon. Mais au fait, l'argent, faut s'adresser ailleurs ou vous en donnez encore?

Extrait de «Il faut imaginer Sisyphe heureux»

Madame Bachand.- Je touche le fond, quoi.

Maître Cochon.- Attendez, car je ne vous lâcherai pas. Je surgirai soudain, au fil des années, et nous referons nos comptes, totaux et sous-totaux... Je ne lâche jamais prise, Madame Bachand! Je suis une sangsue!

Madame Bachand.- Et vous êtes impitoyable? Toujours?

Maître Cochon.- Et vous? Etes-vous pitoyable? Je ne suis pas payé pour avoir pitié.

Madame Bachand.- Je ne vous demande rien!

Maître Cochon.- Effectivement! De toute façon, vous ne l'obtiendriez pas! On ne prête qu'aux riches, madame!

Madame Bachand.- Pourquoi vous vous acharnez à m'enfoncer?

Extrait de «La Poisse»