Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 192 pages
Poids : 264 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-37369-023-1
EAN : 9782373690231
Thomas S. Kuhn et la science
entre épistémologie et philosophie du langage
de la science normale
Quatrième de couverture
Fondements de la Philosophie Contemporaine des Sciences
On ne saisira pleinement l'originalité de la démarche de J.P. Kamaheu ainsi que la fécondité de l'horizon qu'ouvrent ses travaux que si on revient à ce qui est son point de départ. Un spectre hante en effet les études kuhniennes, et Kuhn lui-même s'y est trouvé confronté, celui de l'incohérence de sa pensée, malgré la grande pertinence que l'on reconnaît à ses analyses. La thèse de l'incommensurabilité des mondes, introduite par La structure des révolutions scientifiques pour rendre compte de l'issue des révolutions scientifiques, en est une illustration majeure. Quand son auteur vient affirmer qu'après une révolution les scientifiques vivent dans des mondes différents, il plonge ses lecteurs dans un embarras conceptuel ... A ce spectre, se joint un point aveugle, celui des relations entre [Kuhn] et les philosophes du langage ordinaire. Que pouvait bien vouloir dire un accord avec des auteurs tels que Stanley Cavell ou l'écoute de John L. Austin ?
Confrontées à ces problèmes, les études kuhniennes ont pris deux directions à nos yeux radicalement opposées, et Kuhn n'a guère contribué à rassurer ses commentateurs, lui qui a adopté des lectures successives de son propre travail... comme devait le souligner Kuhn lui-même, ces élaborations buttent sur la question de l'incommensurabilité, d'une manière qui concerne en réalité la limitation des approches formelles ... C'est dire que Kamaheu vient emprunter une des voies les plus porteuses d'autant qu'elle s'avérera inattendue. En fait, Kuhn avait dès le départ confessé sa dette envers des philosophes du langage tels que Wittgenstein, Quine, Goodman ou Cavell. Néanmoins, il s'avérait difficile, malgré des indices laissés par lui dans ses écrits, de dire quelle était la part des uns et des autres. Jean-Paul Kamaheu s'appuie résolument sur eux pour reconstruire la pensée de Kuhn... Approcher la philosophie des sciences par le langage ordinaire, c'est renverser l'image courante que scientifiques et philosophes se font de cette activité, et ramener en son coeur un univers inconnu soupçonné par avance de légèreté... Comment pourrait-on, après ces analyses, ne pas revoir les études de Duhem, Koyré, Metzger ou Merton à titre d'exemple d'un oeil entièrement neuf si on prenait l'histoire des sciences comme celle d'une institution langagière qui aura fait dialoguer des groupes scientifiques ? Une telle approche pourrait révéler de nouveaux aspects de la science, confirmant encore la grande fécondité des analyses de Kuhn.