Tunis au XIXe siècle

En 1890 et 1892, chez la Maison Quantin, éditeur à Paris, paraissaient deux volumes consacrés à Tunis et à la Tunisie. L'auteur, Jean-Pierre Lallemand, dit Charles, était né dans la Meuse en 1857. Devenu ingénieur et inspecteur général des Mines, il sera en 1910 membre de l'Académie des Sciences, il séjourna à Tunis assez longtemps pour être, écrait-il: "Ravi par les aspects si divers qui se sont offerts à mes regards... empoigné par ce pays dont cent auteurs anciens ont célébré la beauté et la fertilité..."

Doué d'un réel talent de peintre, il consacrera plusieurs centaines d'aquarelles à ses paysages et à ses habitants.

Tout d'abord, la lumière et le soleil subjuguent ce fils des contrées du nord, il y revient sans cesse dans ses écrits: "incomparable soleil... soleil magique... tourbillon de poussière dorée, éclatante de lumière, sous un ciel d'un bleu inconcevable... Quelles couleurs sous le beau soleil de ce jour-là! C'est à renoncer à le décrire..."

Puis, l'artisanat, les tissus, les parfums;.. l'attirent, principalement le travail des potiers, qu'il appelle "ses frères", expliquant sa très vive passion pour la céramique par le fait que : "conscrit de 1807, mon père était peintre sur poterie: avant, comme il le disait fièrement, de visiter toutes les capitales de l'Europe avec son régiment des Fusiliers de la Garde. Et il était ouvrier peintre-potier à Saintes... un successeur de Bernard Palissy, s'il vous plait! Souvent, lorsque j'étais enfant, il dessinait, pour m'amuser, de ces fleurs naïves dont il ornait la vaisselle au commencement de ce siècle". Les cent cinquante aquarelles contenues dans le premier volume, "Tunis et ses environs", ont été maintes fois copiées, photographiées, photocopiées... pour des destinations plus ou moins heureuses; mais aucun éditeur, jusqu'à aujourd'hui, n'avait entrepris la reproduction fidèle et de qualité de cet ensemble pictural.