Un chien dans le moteur

Le plus drôle des auteurs américains !

Portis est bien capable de tout.

Depuis son Arkansas, reclus dans cette vie simple où personne ne vient le chercher, même pas les frères Coen lors de l'adaptation de True Grit, il écrit. Et cet opus, de 1987, jamais traduit jusqu'à présent, séduit nos sens réflexifs dans le plus simple apparat. Non sans finesse et talent, Charles Portis manie un humour grinçant, acerbe et satirique. Il faudra parfois vous accorder quelques secondes de pause hilarantes ; avant de comprendre que la lecture d'Un chien dans le moteur n'est pas sans adéquation avec la dose de joyeuse jouissance livresque que l'O.M.S. devrait recommander à chacun d'entre nous.

Midge, qui a repris ses études depuis peu, rentre chez lui pour découvrir que sa femme a plié bagages avec un collègue de son boulot, Dupree, qu'il a lui même fait entrer dans la place. Évidemment, elle a embarqué les cartes de crédits, ses fringues et le maximum de leurs économies. Tout homme ne s'en accommoderait pas, mais Ray a cette capacité "autoréflexive", un savant mariage d'acceptation, souvent humiliante, et de persévérance, parfois irrationnelle. Le déclencheur ne sera ni la ruine qui le guette, ni la trahison de sa femme, mais la disparition de sa Ford Torino, ultime délestage avant désertion. Une Buick (1965) l'a remplacée devant le perron de la maison, celle de Dupree, qui est évidemment aussi fiable que son propriétaire. Échéanciers bancaires aidant, il retrace très vite le parcours des fuyards, et, bien décidé à récupérer sa voiture, il se lance. Direction le Mexique, quelques bons du trésor en guise de monnaie d'échange.

Des galères en perspective ? De menus soucis ? Vous êtes très loin du compte.