Un naturaliste ordinaire

"ce que peut la vertu d'un homme ne se doit pas mesurer par ses efforts mais par son ordinaire"

Pascal

Il faut donc s'interroger, d'une part sur le sens des mots vertu ou ordinaire et, de l'autre, sur le choix du style à adopter dans un essai autobiographique.

Beaucoup plus modestement, au terme d'une longue vie, Un homme ordinaire, que les hasards de l'histoire contemporaine (l'histoire avec un h minuscule) ont amené à vivre, et à suivre au jour le jour, les mouvements de décolonisation et leurs effets; un homme qui a vécu les événements, sans prétendre influer sur leur déroulement, est pris du désir de conter son existence.

Celle-ci, en effet, s'est écoulée pendant l'une des périodes de l'histoire des hommes et des institutions qui, dans sa brièveté, fut l'une des plus mouvementées qu'ait connue l'humanité.

Si courte fut-elle, son influence a, pendant près d'un demi-siècle, profondément marqué la vie de l'Université française, provoquant, sans intention, certaines de ses plus importantes mutations.

Au-delà de l'aspect historique des faits, le narrateur souhaiterait montrer comment, plongé dans ce même temps, un naturaliste ordinaire a poursuivi sa tâche scientifique, répondu à sa vocation, en satisfaisant, sans avoir la prétention de s'y référer, aux exigences de la pensée pascalienne.

L'auteur essaye simplement, de dire comment un banal naturaliste, que les hasards de la vie ont amené à poursuivre sa vie professionnelle, de façon continue, pendant vingt-deux ans dans l'Outre-Mer français et francophone, après y avoir effectué des incursions plus brèves au cours des dix années précédentes, s'est trouvé chargé de fonctions auxquelles il n'avait jamais été préparé et ce qu'il en est advenu, pour lui, et pour certains autres.