Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 280 pages
Poids : 515 g
Dimensions : 18cm X 24cm
EAN : 9782130514145
Une cause nationale, l'orthographe française
éloge de l'inconstance
Quatrième de couverture
Pourquoi, à nos yeux, l'orthographe a-t-elle une si grande importance ? Lorsque le regard se porte soit sur le passé, soit sur d'autres langues, la place de la graphie n'apparaît pas aussi déterminante. Jusqu'à ces dernières années, un Anglo-Saxon ne se souvenait pas comment il avait appris la façon dont il écrit sa propre langue alors que pas un Français ne l'ignore. Mieux, dans ce dernier pays, chacun dispose généralement sur ce point d'une conception très arrêtée de l'orthographe, sur sa dégradation, sur les causes de son irrespect. Chacun se sent capable de proposer des solutions. L'orthographe partage avec quelques autres thèmes, comme la religion musulmane, les «maths modernes» ou l'apprentissage de la lecture, le privilège de constituer un objet sur lequel quiconque a un avis. Dès lors, qu'ils choisissent la conformité, la nécessité ou le refus de l'orthographe, les locuteurs que nous avons rencontrés expriment chaque fois des relations aux autres. Ils doivent impérativement prendre position par rapport à leur entourage. Aussi, avec la question de l'orthographe, nous rencontrons un «lieu de cristallisation» issu non seulement des émotions ressenties dans l'activité quotidienne mais aussi de l'intériorisation des plus dogmatiques des doctrines. Le «vécu» des locuteurs s'articule aux théories des linguistes plus ou moins consciemment intériorisées, exprimées avec plus ou moins de bonheur.
Ce faisceau de rencontres déterminera notre recherche. Il s'agira de garder dans leur intégralité, non seulement ces émotions - l'arc-en-ciel des joies et des terreurs que suscite l'orthographe - mais aussi les théories aussi farfelues ou abstraites soient-elles, afin de rendre compte, autant que faire se peut, de la façon dont, dans ce pays, tout locuteur tente d'écrire sa langue. Nous rencontrons ainsi un lieu où se bousculent les discours les plus divers, ceux du théoricien et ceux du praticien, ceux du savant et ceux du vulgaire, chacun prenant généralement le plus grand soin d'occulter ses objectifs.