Une eau de chiens

Des personnages - humains, animaux - vont et viennent en de courts événements d’allures perverses. Du merveilleux au saugrenu, rien n’est jamais sûr, nulle part. Scènes de violence, transmutations insensées, avec un calme indécent chaque présence en dévore une autre. Aucune accusation, aucune responsabilité, il n’y a pas de secret : au milieu du jour il y a un trou, au centre de la conscience un rêve bizarre en train de grandir. La vie se passe dans la volatilisation de tout enchaînement logique. Le paysage s’imprègne d’une paix enténébrée. Les personnages ne ressentent ni amour ni haine, ni joie ni tristesse, leurs pensées ne peuvent attendre, elles glissent dans un vent qui creuse et qui efface. L’inhumanité tranquille de ces poèmes fait que l’innocence va de soi et que la cruauté est la règle. Une eau de chiens de Marilène Gill brille d’une écriture à la limite du concevable.