Une femme au Pakistan

C'est dans un train que tout a commencé. Un train brinquebalant qui vient de quitter l'Inde dans un climat de terreur pour rejoindre une toute nouvelle nation, baptisée Pakistan. Nous sommes en décembre 1947. Nusrat Jamil n'est qu'un bébé mais elle vit déjà l'un des plus grands exodes de l'histoire. A l'instar de millions d'autres musulmans, elle accompagne le devenir d'un pays né officiellement le 14 août 1947, alors que les Anglais, dans leur retraite, n'ont pu éviter la sanglante partition du sous-continent indien.

Il faudra un drame personnel pour que tout bascule. Nusrat rentre au pays combattre la plus terrible des dictatures pakistanaises, celle du général Zia-Ul-Haq, et se place à l'avant-garde du combat mené par les femmes contre le renforcement de l'islam d'Etat. Pendant onze ans, dans une république islamique très fermée, les femmes seront ainsi le seul mouvement organisé à résister sans fléchir à la terreur.

La vie de Nusrat se décline comme les chapitres d'un livre d'histoire contemporaine. Aujourd'hui encore, elle se bat pour un «Pakistan meilleur». Après les tests nucléaires indiens et pakistanais qui ont secoué la planète, elle est de toutes les campagnes antinucléaires. Surtout, à 51 ans - l'âge de son pays - elle milite pour un rapprochement avec New Delhi. A la poursuite, toujours, de son «rêve» pakistanais.

Nusrat Jamil se présente simplement comme «l'une de ces femmes pakistanaises qui essaient de faire quelque chose pour leur pays». Elle a participé à la création du Forum d'action des femmes au Pakistan et milite activement pour le développement social et politique de sa nation.