Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 297 pages
Poids : 442 g
Dimensions : 16cm X 23cm
EAN : 9782825114032
Quatrième de couverture
Sivtzev Vrajek, une paisible rue de Moscou où habitent un vieil ornithologue et sa petite fille Tanioucha autour de laquelle vont se nouer les destins d'hommes pris dans la Grande Guerre et la tourmente révolutionnaire de 1917. Un pianiste familier des lieux, Edouard Lvovitch, y joue un soir une étrange composition, l'opus 37, une page terrible, «criminelle inadmissible», comme dictée par l'époque à son génie ; les derniers accords plaqués, il écoute : le sens du chaos est né. Tel est le livre de Michel Ossorguine : une partition terrible, inadmissible, puissante. Au départ, le cercle intime des amis, un admirable couple de vieillards et leur petite-fille Tanioucha dans laquelle s'éveille la femme, et puis, de par le monde, sur les océans, dans les labours, au creux des solives de la vieille demeure, le cheminement secret de la destruction, de la Mort, comme l'écho pressenti du carnage de la guerre et de la Révolution, le sourd piétinement des mille petites vies, insignifiantes et universelles, celles des hirondelles, des fourmis, des hommes aussi, bientôt déchiré, éclaté en un fracas, celui de «l'horrible hachoir mécanique». La camarde fauche végétaux, oiseaux, hommes et des scènes jamais vues se déroulent : un tronc, Stolnikov mutilé, qui se hisse sur le rebord d'une fenêtre avant de basculer dans le vide ; Astafiev, la force de l'esprit et de la nature, qui invente et secrète dans le mépris son propre bourreau... Le cri devant la Mort est viscéral, bouche hurlante, précipitation du cœur qui s'affole de ne pouvoir décompter assez vite les souffrances, et pourtant, comme en sourdine monte un immense hymne à la vie belle, fraîche, ténue et tenace, Quand le livre s'achève, le sombre finale de l'opus 37 est dépassé : la vie renaît dans le chaos mais le Chaos surmonté. C'est un cercle qui se reforme à Sivtzev Vrajek, autour de Tanioucha devenue femme, la vie qui se recrée à partir de la mort même, c'est l'inadmissible turbulence de la sève de l'esprit et de l'amour humain qui fait irruption dans les rameaux morts. Jamais livre aussi tragique n'a donné une telle soif de vivre.
J. Catteau