Une vie de dimanche

Il se nomme Robert. Tout le monde l'appelle Fouine. En ces temps rendus difficiles par l'Occupation, ce jeune veuf travaille dans les fermes et braconne pour subvenir aux besoins de ses trois enfants et de sa belle-mère, une vieille femme revêche.

L'amour de Fouine, c'est Pierrette, veuve avec des enfants à élever elle aussi. Il se voit déjà, assis à ses côtés autour d'une table, à regarder grandir ses mômes et les siens. Mais la jeune femme a d'autres ambitions : partir avec un monsieur de la ville qui a fait fortune grâce au marché noir et qui seul peut lui proposer « une vie de dimanche »...

À quoi pensait-elle donc ? Quel rêve inaccessible l'habitait ?

Fouine regarda le bout de ses brodequins. Sûr qu'il ne pouvait soutenir la comparaison avec ce Monsieur de la ville. Il avait des manières et un portefeuille que lui n'avait pas. Il comprenait qu'une femme comme Pierrette qui n'avait pas la vocation de la terre puisse se laisser séduire par un homme qui lui promettait la vie dont elle avait toujours rêvé. Du rêve. M. Rémi proposait une vie de dimanche, tandis que lui, pauvre crève-la-faim ne pouvait offrir qu'une vie de tous les jours, peut-être même une vie de vendredi maigre. Mais il y avait la tendresse. Est-ce que cela ne comptait pas, la tendresse ?