Vie et conscience

«L'homme est un apprenti, la douleur est son maître, nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert», c'était Musset; «Lassé de tout, même de l'espérance», c'était Lamartine; «On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux», c'était Saint Exupéry; «je ne crois pas à l'avenir», c'était Céline; «Désespérément seul, enfin seul», c'est maintenant au tour de Des Glières.

Médecin psychiatre qui rassemble dans son être, les malheurs habituels et naturels d'un être humain ordinaire, il est aussi un condensé des maux de notre société humaine toute entière.

A force de rechercher des remèdes de la dépression, des crises d'angoisse et des malheurs des hommes, Alexandre Des Glières a (enfin) trouvé le remède à l'optimisme béat et à l'euphorie stupide.

Tout à la recherche de la vérité, il essaye comme tant d'autres de savoir si c'est l'homme qui est mauvais ou bien la vie elle-même. La vie psychique, en tant qu'émergence du sens, développement de la sensorialité et du langage, devient l'expression d'une lamentation manifestant et animant une intériorité, comme si l'apparence humaine, elle-même, s'effaçait.

Alexandre Des Glières a voulu, par la force et l'intensité de ses quelques pensées en poèmes, décrire autant qu'il était possible, que la «tristesse» peut devenir l'anéantissement du vivant humain. Pour combattre cette maladie d'être humain soumis à sa propre existence qu'il n'a pas choisie, l'homme, dès sa naissance, cherche la nécessité de se doter d'une vie psychique.

Menacé sans cesse par les excès de violence, par les charges trop fortes des excitations, par la brutalité des changements induits par les évènements de la vie - venant tant de l'intérieur que de l'extérieur -, l'être humain se débat comme il peut et tente sans cesse de trouver protection, équilibre et envie de vivre.

Eric Neuman