Vingt-quatre leçons avec Chopin

Les études de Chopin. Pour le public mélomane, ces quatre mots évoquent immédiatement ce que la technique pianistique offre de plus transcendant et de plus impressionnant. L'objet de ce livre est de s'inscrire en faux contre cette idée reçue. Dans des notes qu'il avait jetées en vue d'une méthode de piano qu'il projetait d'écrire, Chopin écrit ceci : « On ne sait pas jouer la musique proprement dite, et le genre de difficulté que l'on pratique n'est pas la difficulté de la bonne musique, la musique des grands maîtres. C'est une difficulté abstraite, un nouveau genre d'acrobatie ». Par ces quelques mots, Chopin stigmatise précisément un enseignement obsédé par le côté physique et, à l'occasion, spectaculaire du jeu pianistique. Et en effet, et tous les témoignages de ses nombreux élèves s'accordent sur ce point, son propre enseignement accordait une priorité absolue à la finalité artistique de l'instrument, celle-ci devant déterminer les moyens techniques nécessaires pour l'atteindre. En d'autres termes, le qualitatif y primait le quantitatif. Une telle conception, déjà révolutionnaire pour l'époque, l'est d'autant plus aujourd'hui.

C'est d'abord pour lui-même que Chopin écrivit ses premières Etudes avant de les compléter pour former son opus 10, puis son opus 25. Il est donc tout à fait impensable qu'il puisse, au travers de ses Vingt-quatre Etudes, inviter les pianistes à un jeu tout de façade qu'il avait en horreur et qui serait en absolue contradiction avec ses idéaux et ses principes. Tout au contraire, et comme leur nom l'indique, elles ne sauraient être qu'autant de chemins dans l'étude du jeu pianistique, mais tel qu'il la concevait, c'est à dire afin de vaincre « la difficulté de la bonne musique » et non point pour atteindre à « un nouveau genre d'acrobatie ».

Sous forme de leçons données par Chopin à un élève imaginaire, le livre est une analyse des Vingt-quatre études dans leur véritable finalité.