Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 87 pages
Poids : 190 g
Dimensions : 24cm X 28cm
ISBN : 978-2-35660-048-6
EAN : 9782356600486
Quatrième de couverture
Oh ! non, jamais je n'oublierai ce qui alors s'offrit à nos yeux. Une longue suite de montagnes bleues s'étendait à l'infini au-dessous de nos pieds ; au-dessus, un ciel doux comme celui de Provence, c'était là l'Espagne. Il y avait là une douceur admirable dans les contours, dans les couleurs. Oh ! je vois encore ces collines éloignées, d'un bleu si pur, qui semblaient être le plus beau pays du monde. En se retournant, quel aspect différent ! C'était un glacier sillonné de ravins par-dessus lequel des pics noirs et découpés de neige présentaient un spectacle lugubre et désolant ; pas d'horizon, pas de collines, des rochers stériles et au-dessus un ciel vert chargé de nuages énormes et déchirés, c'était là la France. Il faisait très froid, cependant je pus encore faire deux dessins, l'un de l'Espagne, l'autre de la France, et ces dessins seront précieux pour moi.
Eugène Viollet le Duc, lettre à son père
Dans une salle obscure et basse un homme tissait de la toile, un autre fumait ; nous entrâmes et demandâmes si nous pouvions avoir à souper, et un lit. L'homme qui fumait et qui par bonheur entendait le français, nous répondit affirmativement et nous fit entrer dans une autre salle où se trouvaient la cheminée, la table et tout le ménage ; il causa quelque temps avec nous, nous parla du pays, et finit par nous dire que tous les jeunes gens de Saint-Martin étaient contrebandiers. Bientôt après, lorsque la nuit vînt, le Basque qui faisait de la toile et qui était la maître de la maison, cessa de travailler, mis ses espadrilles, sa ceinture rouge et se mit à allumer le feu ; puis la femme et un enfant entrèrent et on fit le souper. Les basques ont bien la langue la plus incompréhensible qui soit au monde, car pendant les huit jours que nous avons passé parmi eux, il nous a toujours été impossible d'y comprendre le moindre mot.
Eugène Viollet le Duc, lettre à son père, 1833